English site : Chad, Cradle of Humanity ?
voir aussi : les impacts de météorites au Borkou et dans l'Ennedi (Tchad)
Ensemble des cartes des sites en .pdf : Cartes des sites découverts dans la zone fossilifère de Toros Ménalla de 1997 à 2002.
À leur début, les prospections paléontologiques dans la zone de contact entre l’erg du Djourab et la partie sud des Pays Bas de la cuvette tchadienne ont largement fait appel à la "Carte hydrogéologique de reconnaissance au 1/500.000. Notice explicative de la feuille Pays Bas - Largeau" établie par Jean-Louis Schneider et éditée par le BRGM en 1968. Cette carte de Jean-Louis Schneider indique des sites fossilifères en lisière nord de l’erg du Djourab au contact de la dépression des Bas Pays (Toros, …). C’est pourquoi lors de la mission 7, en janvier 1997, une courte reconnaissance parcourt ce secteur. Mais c’est la mission 11, du 11 au 27 novembre 1997, qui sous la direction d’Alain Beauvilain part plein nord depuis Salal avant de contourner par l’ouest l’erg du Djourab pour parcourir systématiquement cette zone d’ouest en est en s’appuyant sur les trois cartes topographiques au 1/200.000 de l’IGN : NE 33 V (Toros), NE 33 VI (sans nom), NE 34 I (Koro Toro). Elles sont ici fusionnées autour de la carte NE 33 VI.
Cette mission est un plein succès par ses 35 sites fossilifères échantillonnés. Sur d’autres sites, des fossiles trop volumineux pour être prélevés, sont laissés en place. Sur une diagonale WNW-ESE, la mission couvre l’ensemble de la zone fossilifère dite aujourd’hui de Toros-Ménalla. Ces sites vont délivrer des milliers de fossiles dont de nombreux holotypes d’espèces jusqu’alors inconnues.
Sur le plan topographique, cette zone sans aucune courbe de niveau sur les cartes, ne dispose que d’un seul point coté (206 m au puits de Toro Timi -16° 19’ N, 16° 50’ E). Si les dunes, essentiellement des barkhanes, des sifs et quelques ghourd, en sont l’élément marquant, deux talus sont les seuls accidents de relief mentionnés. Un petit talus d’environ 1200 mètres est indiqué au nord de 16° 11’ N, 17° 29’ E mais c’est surtout un talus, qui se suit sur près de vingt-six kilomètres, quiretient l’attention dans une région non pas plate mais plane. Avec souvent plus de dix mètres de dénivelé, il forme l’élément principal d’une série de petits talus qui lui sont parallèles. Les scènes Google Earth permettent de le suivre plus longuement au sud-est au travers des dunes vives. Par contre, le parcours du terrain fait découvrir d’innombrables talus de quelques décimètres marquant l’alternance de couches sédimentaires de résistance différente.
Le recours aux altitudes fournies par Google Earth indique une pente générale du sud vers le nord et de l’est-sud-est vers l’ouest-nord-ouest du point le plus élevé indiqué (261 mètres) au point le plus bas (199 mètres). Le suivi de ces altitudes, l’orientation du talus principal et des surfaces sédimentaires mises à nu indiquent, pour cette région marquée par les espaces plans, une succession de paliers étagés dont les ruptures sont masquées par une couverture sableuse plus ou moins épaisse. TM266, globalement à 226 mètres, est en contrebas d’une dizaine de mètres du talus principal et domine à son tour de dix à vingt mètres la plaine qui, à son nord, est soumise à une puissante érosion éolienne. Tous les fossiles d’hominidé mis au jour à mars 2002 ont été mis au jour au pied de ce talus ou, pour TM247, sur un replat étroit de ce talus.
Enfin, si les dunes sont des dunes vives dont le déplacement est rapide, il apparaît que depuis trois-quarts de siècle (les cartes sont le fruit de missions de photographies aériennes de 1956 et Google Earth des données actuelles) les zones de barkhanes et les surfaces dénudées occupent sensiblement les mêmes espaces. Entre eux, s’étendent de vastes zones où le sable est plus ou moins épais, allant du centimètre à plusieurs décimètres.
Sur les cartes de cette page, les numéros de sites sont, à quelques exceptions près, dans l’ordre chronologique de leur découverte. À partir de celle-ci, les missions ultérieures en ont revisités certains sans créer un nouveau numéro au même endroit mais peuvent en enregistrer un immédiatement à côté l’itinérance de la recherche et le déplacement des barkhanes ne permettant pas toujours d’évaluer la pertinence de garder l’ancien site comme étant unique. Le principe qui a prévalu a été que deux fossiles mis au jour de part et d’autre d’une dune entraînent la création de deux sites différents. La lecture de la carte de l’ensemble des sites mis au jour de janvier 1997 à mars 2002 montre nettement que plusieurs dizaines de sites sont communs avec un ou des séries de sites voisins. De fait la distance au sol (une seconde en latitude comme en longitude représentant au sol une distance d’une trentaine de mètres) entre deux sites ou à l’intérieur d’une série de sites est parfois réduite à quelques dizaines de mètres.
Si, par exemple, la mission de juillet 2001 comporte des séries de sites voisins c’est que ces sites ont été découverts en marchant. Néanmoins, TM247 justifie pleinement son numéro particulier car il est situé sur un replat du talus et donc en position dominante des sites voisins tout proches. De même l’accumulation de sites situés au sud et au sud-est de TM266 est due au fait qu’ils ont été découverts en marchant entre les dunes.
L’exactitude du report des sites sur les cartes topographiques pourrait être affaiblie par quelques distorsions de celles-ci liées à leur élaboration à partir de mosaïques de photographies aériennes, à des distorsions possibles de même nature pour les scènes de Google Earth et à l’imprécision des GPS dont l’affichage des données, en tout cas à cette époque, peut varier de quelques dizaines de mètres durant leur saisie. Ces sources d’imprécision sont à relativiser grandement puisque sur la carte le diamètre d’un point représente six cents mètres sur le terrain…
L’organisation des missions explique le plus ou moins grand nombre de sites découverts au cours de chacune de celles-ci. En effet, à l’exception de la mission 11, du 11 au 27 novembre 1997, jusqu’à la mission 18, en février 1999, la zone de Toros Ménalla n’est parcourue que par des missions courtes, sorte de raids de reconnaissance lancés à partir de camps établis sur les sites de Kollé (KL) ou de Kossom Bougoudi (KB). C’est donc à partir de la mission 20, du 5 au 22 février 2000, que les missions n’ont pour seule destination que la zone de Toros Ménalla.
Par ailleurs, s’il n’est plus découvert de nouveaux sites à l’est de 17° 30’ E après la mission du 19 novembre au 6 décembre 2000, ce n’est pas parce que le potentiel de cette région est jugé épuisé mais tout simplement parce que les itinéraires d’accès à la zone de Toros-Ménalla ne passent plus par Kouba Olanga mais se font le plus directement possible à partir de Salal, privilégiant ainsi le temps de recherche à consacrer aux secteurs central et occidental de la zone de Toros-Ménalla.
Le site TM95 n’existe pas.
Ce bref rappel et ces cartes montrent comment a été organisé le parcours systématique de cette région, en s’appuyant sur les cartes topographiques et les photographies aériennes de la fin des années cinquante, aboutissant somme toute rapidement à la mise au jour d’hominidés nouveaux au cœur de l’erg du Djourab. Cet ensemble de cartes et l’analyse des scènes satellitaires, que permet aujourd’hui Google Earth, indiquent aussi clairement l’énorme potentiel de ce secteur et les zones à privilégier pour enrichir l’apport scientifique.
Itinéraire de la mission de juillet 2001 du 10 juillet (arrivée dans la zone de Toros Menalla) au 19 juillet 2001 (mise au jour de Sahelanthropus tchadensis)